Témoignages : Grossesse non-désirée, comment réagir ?

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Positif. Le test de grossesse ne mentait pas. La prise de sang l’a confirmé. Ces deux femmes ne s’y attendaient pas, ne le voulaient pas et pourtant, elles sont tombées enceintes. Comment ont-elles réagi ? Avoir un enfant est le souhait de nombreux couples. Mais parfois, l’heureux événement n’en est pas un. Ou pas une nouvelle vivement attendue. Alors quand le test de grossesse s’avère positif, c’est la douche froide pour certains. Comment réagir face à une grossesse non-désirée ? Deux femmes aux histoires différentes nous racontent ce moment où elles ont été enceintes sans le vouloir.

Marion : « Et en plus, il s’agissait de jumeaux ! »

"Avec Romain, tout roulait. Notre histoire d’amour durait depuis plus de trois ans. Nous venions même de nous installer ensemble. Se marier, avoir des enfants… on en parlait, c’était un projet. Mais un projet lointain ! A 28 ans, on avait encore envie de profiter de notre vie à deux. A cause d’un petit souci de santé, j’ai dû arrêter de prendre la pilule pendant quelques mois. Seule solution de secours : mettre un préservatif. Mais un soir passionné, la boite était vide. On s’est dit : « Pour une fois… ». Quand on est en couple depuis un moment, on se dit que ce n’est pas si grave, qu’on ne risque pas grand chose. Et dès la fois suivante, on s’est protégés à nouveau. Le bébé n’était pas du tout d’actualité. Sauf que… quelques semaines plus tard, j’ai commencé à avoir des doutes. Mon cycle menstruel était retardé. J’ai eu quelques nausées… Et si une seule fois suffisait ? J’ai fait un test, qui s’est avéré positif. Nous étions complètement perdus. Après avoir réalisé une prise de sang qui allait dans le sens du test, je suis allée voir mon gynécologue qui m’a fait une échographie. Il m’a confirmé la nouvelle… et m’en a annoncé une autre : j’attendais des jumeaux ! Le choc. Déjà que nous n’étions pas préparés à devenir parents, avoir deux bébés… vous imaginez ? Une fois la secousse de l’annonce passée, on a passé de longues soirées à discuter. Nous ne voulions pas être parents si tôt, mais nous nous aimions. Au fond, peut-être était-ce la seule condition valable pour avoir des enfants. Nous avons donc finalement décidé de les garder et nous formons aujourd’hui une famille heureuse. Mais quel bouleversement ! Avoir des jumeaux, c’est du sport."

Léa : « La grossesse n’était pas viable et je n’étais pas prête »

"Avec Alexandre, nous étions jeunes. Notre relation qui durait depuis plus d’un an commençait à battre de l’aile. Nos relations sexuelles sont devenues de moins en moins fréquentes. Après des semaines sans se toucher, nous nous sommes finalement retrouvés, après une soirée de la Saint-Patrick bien alcoolisée. Et puis à nouveau, nous nous sommes éloignés. Deux semaines plus tard, il prend la décision de me quitter. Malgré les derniers mois difficiles, j’étais ivre de chagrin. J’avais mal au ventre. Je pensais qu’il s’agissait de la contrariété. Mais après deux nuits à me tordre de douleurs, je me suis décidée à aller voir le médecin. Elle me prescrit une prise de sang et pense qu’il s’agit peut-être d’une crise d’appendicite. On est vendredi soir et je me suis pressée au laboratoire d’analyses. Le samedi matin, mon médecin me téléphone à 9h : « j’ai vos résultats, ce n’est pas ce que nous pensions. Enfin, l’appendicite n’est pas exclue mais il y a autre chose, venez à mon cabinet. » Prise de panique, j’accoure au cabinet au bout de ma rue. Avec le sourire, le médecin m’apprend que je suis enceinte. Enceinte. J’ai 21 ans, je viens de me séparer de mon compagnon trois jours plus tôt, je suis stagiaire, je vis dans un studio et surtout : je prends la pilule. Je refuse en bloc cette possibilité et lui dit que ce n'est pas possible. Bien évidemment, elle pense que je ne prends pas mon contraceptif sérieusement. Je lui affirme que si. Je fais donc partie de ces 0,01% de risques quand on prend la pilule. Elle m'envoie donc à l'hôpital afin de réaliser une échographie. Pendant ce temps, j'appelle mon (ex)compagnon, qui est arrivé dans la demi heure et m'a accompagnée passer le reste des examens. A peine arrivé, je lui dis que je ne veux pas le garder, je lui explique la marche à suivre mais il m'a tout de tout de suite arrêté : "Je pense qu'on doit se poser pour en parler. Ce n'est pas rien. T'es sûre de toi ?" Comment peut-il me poser cette question trois jours après m'avoir quittée ? Cependant, je prends quand même le temps d'y réfléchir, car je ne pensais pas qu'un jour cela m'arriverait, à moi. Je pensais à tous ces gens qui avaient du mal à avoir des enfants, comme ma soeur. Mais pourtant, je ne pouvais pas me résoudre à donner la vie à un enfant dans ces conditions. La décision était prise : j'allais avorter. Avec des examens complémentaires, il s'est trouvé que ma grossesse avait provoqué un kyste du corps jaune, qui pouvait avoir de lourdes conséquences pour mes ovaires. Je n'aurais pas pu mener cette grossesse à terme, ou difficilement. J'ai donc suivi la procédure d'IVG médicamenteuse, à l'hôpital à cause des risques dus au kyste. Alexandre a été présent pendant toute cette épreuve, que j'ai presque vécue comme une maladie plutôt qu'autre chose. Cela nous a rapprochés à nouveau... et nous sommes toujours ensemble. Quand on dit qu'un enfant, ça rapproche ! D'ailleurs, nous sommes aujourd'hui les heureux parents d'un petit Lucas. Des parents heureux, aimants, et surtout prêts."

L'avis de la psy*

Ces deux témoignages prouvent d'abord combien il est important pour les femmes d'être entourées dans leurs démarches. D'autant que la société ne rend pas les choses faciles, inondant encore les femmes d'images célébrant la maternité comme une forme ultime de bonheur et d'épanouissement. Un "cadeau de la nature", qu'il serait très malvenu de refuser si l'on tombe enceinte. Comme si c’était le souhait et l’accomplissement de toutes les femmes. Mais certaines ne voudront jamais devenir mères ; pour d’autres, c’est la temporalité qui n’est pas la bonne. Elles ne veulent pas être mères maintenant, ou ne veulent pas vivre la parentalité avec ce partenaire-là. C’est bien d’ailleurs pour ça que les femmes ont accès à la contraception. Pour avoir cette liberté de choisir. Toutefois, elles sont souvent pleines de culpabilité à ne pas désirer ce fameux " cadeau de la nature ». Ce qu'il faut, c'est être capable de rester centrée sur son désir à soi, pas celui des autres. Ni même sur les histoires de nos proches, comme Léa par exemple, tourmentée par le fait de ne pas vouloir d'enfant alors que sa sœur avait du mal à en avoir. Pour aider les femmes à s’interroger sur leur désir et à se défaire de la culpabilité, des soutiens et des structures comme les plannings familiaux existent. Elles ne doivent pas hésiter à aller chercher cette aide, à en parler, et à ne pas vivre la situation seule comme si la honte les en empêchait.


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