ELECTION PRÉSIDENTIELLE - UN SECOND TOUR HISTORIQUE

Advertissement

François Hollande et Nicolas Sarkozy balayés, François Fillon et le PS éliminés, l'extrême droite et un candidat nouvellement venu qualifiés: l'élection présidentielle de 2017 fera date. Et marque la recomposition du paysage politique français.


Marine Le Pen ou Emmanuel Macron? Si la question est capitale, au vu du positionnement diamétralement opposé des deux finalistes du second tour de la présidentielle de ce dimanche 7, cette élection fait déjà date avant même que son résultat soit connu. Rebondissements, affaires, chamboulement du paysage politique: la campagne et le vote ont été marqués par les surprises et redistribuent les cartes pour les années à venir. Un changement qui pourrait être sensible dès les élections législatives des 11 et 18 juin prochains.

L'accession du Front national au second tour, tout d'abord. Annoncée depuis des mois -des années même- par les sondages, la qualification de Marine Le Pen a été accueillie avec une relative indifférence de la part des Français. Point de choc, de mobilisation, de grandes manifestations comme ceux qui ont marqué la campagne d'entre-deux-tours après le 21 avril 2002. Le "front républicain" n'est plus et bien que la plupart des éliminés du premier tour se soient rangés derrière Emmanuel Macron au nom de la défense des institutions, d'autres, au premier rang desquels Jean-Luc Mélenchon, ont fait le choix décrié du "ni-ni" sarkozyste et renvoyé dos-à-dos Macron et Le Pen. Traçant ainsi un signe "égal" entre l'islamophobie revendiquée de la frontiste et le libéralisme à la sauce flexisécurité de l'ancien ministre de l'Economie auquel une partie de la gauche ne pardonne pas son passé de banquier d'affaires. Et s'attirant ainsi les louanges d'un certain Jean-Marie Le Pen

L'élimination de la droite, qui a vécu au premier tour son "21 avril" à elle est aussi une surprise. Annoncé comme le futur président de la République dès au lendemain de sa victoire à la primaire de la droite, fin novembre, François Fillon a été empêché par la cascade de scandales révélés depuis janvier et qui ont fait fuir toute une partie de son électorat. Cahuzac, Thévenoud, Benguigui, Sarkozy, Le Roux et donc François Fillon: tous sont tombés en disgrâce du fait des affaires. Les Français ne semblent plus pardonner aux politiques et la moralisation de la vie publique est entrée dans les mœurs. Au niveau national du moins, tant des hommes et femmes ont été élus ou réélus tout au long du quinquennat lors des élections intermédiaires malgré un passé pour le moins chargé.

Une bonne nouvelle qui peut être mise au crédit d'un François Hollande qui restera pourtant comme le président le plus impopulaire de la Ve République. A tel point qu'il n'a pu briguer sa propre succession, empêtré dans cette impopularité record et empêché par les manœuvres de son camp, dont Manuel Valls et Emmanuel Macron ont été les principaux artisans à défaut d'être les seuls. Regarder passer le train de l'élection: une première pour un président en exercice qui est aussi un signe de l'air du temps.

La recomposition du paysage politique, enfin. Adieu PS, laminé, LR, explosé, et le bipartisme français, oublié. La droite française a raté le coche et l'explosion du parti fondé par Nicolas Sarkozy, héritier de l'UMP chiraquienne, est annoncée comme imminente jusque dans ses rangs. Bonjour au tripartisme nouveau, constaté depuis les élections municipales de 2014 mais désormais incarné par trois blocs dominés par le FN, toujours, mais aussi désormais En Marche de Macron et les Insoumis de Mélenchon. En d'autres termes: une extrême droite assumé, un centre qui dit son nom et une gauche qui ne cache plus ses ambitions de renverser la table comme aux plus grandes heures du communisme.

Un triumvirat qui devra néanmoins passer le test des législatives. Un Everest qui s'annonce très compliqué pour les troupes de Jean-Luc Mélenchon notamment, créditées d'une dizaine de députés seulement par les premiers sondages. Insuffisant pour former un groupe et peser sur le quinquennat, alors que LR pourrait être la seconde force du pays avec environ deux cents élus à l'Assemblée. De quoi compromettre ce tableau? Peut-être, à moins que la droite ne connaisse elle aussi, après son 21 avril, l'émergence de ces frondeurs qui ont accéléré la décomposition du PS. Et ne fasse ainsi que reculer pour mieux sauter.

Source: Francesoir


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